Campagne internationaliste « Solidarité Côte Caraïbe Nicaragua »

Après la dévastation de la Côte Caraïbe du Nicaragua  par les ouragans ETA  le 3 novembre
et IOTA le 16 novembre 2020, nous nous sommes immédiatement mobilisés avec différents comités de la solidarité suisse et européenne, particulièrement de l’Etat espagnol et d’Italie, pour marquer notre solidarité concrète et politique avec les habitants, les peuples autochtones et  les autorités locales de la Côte Caraïbe.

Les habitant-e-s  de la Côte atlantique au Nicaragua, ont été très fortement touché-e-s par ces deux ouragans d’une force et intensité inconnues  jusqu’à maintenant  et dont les effets dévastateurs ont été immenses : infrastructures portuaires dévastées, bâtiments publiques et maisons détruites, infrastructures routières en ruine, forêts déracinées, production agricole compromise. De plus les pluies torrentielles ont provoqué des dégâts matériels et humains importants dans tout le pays, par exemple dans le massif de Peñas Blancas, municipalité de La Dalia près de Matagalpa, où ont eu lieu des glissements de terrain occasionnant la mort d’une dizaine de personnes.

Une solidarité immédiate

Grâce aux contacts précieux d’AMCA Ticino avec le Minsa (Ministère de la santé),  la solidarité suisse réunissant une dizaine de comités ou jumelages a pu apporter une première aide seulement deux jours après le passage de l’ouragan IOTA. Concrètement, du matériel médical (masques de protection)  et humanitaire (filtres à eau) pour un montant de 7’000 dollars a pu être fourni aux « damnificados » de la région de Siuna qui avaient été évacués préventivement vers des refuges.

Dans la même semaine l’Association de solidarité Nicaragua- el Salvador (ANS Genève) a pu verser une deuxième donation de 3’000 dollars en soutien aux « damnificados » de Peñas Blancas  par l’intermédiaire de notre partenaire historique  Odesar et de la municipalité de la Dalia.

De même les jumelages Delémont-La Trinidad et Bienne-San Marcos ont pu envoyer des aides d’urgence à leurs partenaires nicas  pour atténuer en partie les dégâts dans la production agricole de base. 

Le  projet de reconstruction d’une vingtaine de maisons en bois à Bilwi avec le collectif de femmes autochtones MCLY (1).

Il nous fallait faire plus en soutenant directement les victimes sur la Côte Caraïbe.

Grâce aux  contacts de la Radio la Primerisima avec les habitantes de Bilwi et le collectif de femmes MCLY, nous avons pu monter une campagne financière pour un projet concret et réaliste avec des femmes et familles ayant perdu leurs maisons.

Grâce aux  liens de solidarité noués depuis des années, des comités de Saragosse, Asturies et Canaries et l’association Italia-Nica de Milan se sont associés à une dizaine de comités suisses : le Zas de Zurich, les jumelages de  Bienne- San Marcos, Delemont-La Trinidad, l’Amca au Tessin, la Centrale sanitaire romande  (CSSR) à Genève, l’Association Maurice Demierre à Fribourg, l’Association Nicaragua-El Salvador à Genève, un collectif d’architectes à Zürich et deux collectifs à Berne et Lausanne,  pour financer à hauteur de 23’200 dollars le  projet de reconstruction d’une vingtaine de maisons de maisons en bois à Bilwi.  

Le projet ayant rapidement démarré et avancé, il a fallu acheter localement les matériaux, particulièrement le bois,  et financer un groupe de charpentiers locaux chargé de la construction et de l’encadrement de l’auto-construction. L’approvisionnement en bois de qualité représente une des difficultés principales, tout comme la peinture des bois et des toits qui doit être réalisée sans précipitation.  A fin mars 2021,  9 maisons ont été construites et remises aux femmes et familles bénéficiaires dont 5 à Bilwi, 1 à Kamla, 1 à Lamlaya et
2 à Krukira, communautés proches de Bilwi, la capitale de la RAAN (Région Autonome Atlantique Nord).

La douzaine de  maisons restantes devraient être construites et inaugurées  d’ici le début de la saison des pluies à fin mai 2021.  Les camarades d’Amca présents au Nicaragua se sont chargés de la coordination du projet entre Managua et Bilwi et seront présents sur la côte Caraïbe en avril avec les femmes bénéficiaires et protagonistes.  

Une solidarité internationaliste fidèle et aussi motivée politiquement

Notre solidarité internationaliste est bien sûr l’expression de notre fidélité au peuple nicaraguayen, mais manifeste aussi, surtout dans les circonstances actuelles, une solidarité politique auprès de ce pays d’Amérique centrale fragile et digne.

Deux raisons qui expliquent le sens de notre engagement solidaire auprès des populations « damnificadas » sont à souligner. 


Les ouragans et désastres naturels s’accentuent en Amérique centrale particulièrement à cause du changement climatique inquiétant essentiellement dû aux désastres infligés à la planète par les riches ; les pays du Nord, ayant accumulé leurs richesses aux dépens des autres peuples et de la planète.  Le sud ne doit pas payer les conséquences des dégâts commis par le Nord. Notre solidarité de peuple à peuple montre ainsi la voie  vers une justice climatique qui devrait s’imposer partout dans le monde si nous voulons éviter des dégâts plus grands encore.

La deuxième raison est la reconnaissance  de la force et l’efficacité des politiques publiques développées par le gouvernement sandiniste pour le développement et la dignité de l’ensemble de la population.
Cela n’est pas sans importance dans un pays qui souffre à la fois d’une polarisation extrême depuis la crise d’avril 2018 ; crise accompagnée de campagnes médiatiques internationales adverses et injustes, et de sanctions arrogantes de la part, non seulement des Etats-Unis ou de l’Union européenne, mais aussi de la Suisse de Cassis. 

Notre solidarité est aussi une reconnaissance des efforts énormes de prévention, entrepris conjointement par les autorités et le peuple du Nicaragua depuis une dizaine d’années, qui ont permis de limiter au maximum les pertes humaines dans cette catastrophe.  Mais nous voulons aussi témoigner de l’importance de l’ensemble des programmes pour  les droits et le niveau de vie de la population :   construction des routes comme jamais en Amérique centrale, développement des énergies renouvelables et accès à l’électricité pour  95 % de la population ; développement du système sanitaire : hôpitaux, centres de santé ;  éducation technique et supérieure priorisée pour les jeunes des communautés rurales ; sans oublier tous les programmes sociaux et productifs dont les mères cheffes de famille sont souvent les principales bénéficiaires.

Difficile de faire plus ou mieux, nous semble-t-il, dans une situation si difficile. Naturellement, nous savons aussi que la crise d’avril 2018 a laissé des traces et n’a pas été clarifiée comme nous le souhaitions et l’écrivions. Nous ne pouvons  dès lors qu’accompagner le peuple nica et les militants sandinistes qui résistent et reconstruisent dans la dignité.

Comité   ANS Genève 
Fin  mars 2021

(1)  Mujeres Creativas Lapta Yula (miskitas)